vendredi 15 mai 2009

Le plaisir de s’évader…

Nous voilà parti quelques jours hors du temps dans la petite contrée hispanique de Vilanova de Meia. Nous quittons la France et ses gouttes de pluies habituelles pour trouver quelques rayons de soleil si attendu en ce mois de mai. La fiesta de « Vilanova Artifio » rassemble les foules, les « vans » espagnols sont au rendez-vous, les français profitant de leurs traditionnels jours fériés aussi.
Partout le matériel s’étale, chacun le tri avec attention. Les trésors de l’artificiel sorte de l’ombre des placards ; pitons, crochets, marteaux, poignets jumars, étriers, plombs de toutes sortes… de véritables petites quincailleries penserait le néophyte de l’artificiel !
Rémi nous apportent les premiers principes de ce type d’escalade un peu particulier et légèrement oublié aujourd’hui. Enfin je comprends l’utilité de ces milliers de bouts de ferrailles, si familiers pourtant.


Nous voilà après une courte présentation, chacun propulsés dans les voies du Pilar del Segre suspendus sur nos étriers qui eux même prennent place sur des pitons, des plombs,des friends, nous inspirant chacun plus ou moins confiance. Le temps passe rapidement, il nous faut une bonne après-midi pour arriver à la fin de cette tâche laborieuse, nous progressons peu à peu malgré tout. La confiance attribuée à chacun de ces points est de plus en plus grande, le plaisir de se hisser et d’approcher du relais aussi. Le soleil se couche déjà, une évidence est là, la progression artificielle prend du temps…, il est tant d’aller s’offrir une bonne bière ! Le bar est plein, partagé entre français et espagnols, jeunes et vieux, grimpeurs et non grimpeurs… dans ce brouhaha classique des bars à l’espagnol, tout le monde à l’air si heureux de se retrouver ! Nous y sommes un week-end hors du temps et hors de toutes préoccupations quotidiennes est bien lancé !
Je retrouve Grisu, heureux de se retrouver au milieu de tous ces jeunes ! Les projets fusent… demain nous irons faire « Premier amour », cette grande ligne si évidente qui traverse el Pilar Del Segre. Je n’ai encore jamais grimpé avec Grisu, je suis contente ! Les cordées se forment, les projets aussi, nous grimperons tous dans le même coin, tous pendus dans ces grands dévers qui paraissent impossible à gravir vu d’en bas, et pourtant… Une cordée, vient nous rappeler qu’aujourd’hui nous sommes à l’heure du libre ; au milieu de nous tous, elle va se crée un itinéraire. Rémi, Vincent et Caro enchaîne les mouvements les uns après les autres, si légers… je me demande si ce n’est pas un peu de la provocation ! Pendant ce temps là, Grisu et moi-même progressons de point en point. Il y a « ambiance » ! Nous sommes là plein vide suspendu à nos étriers. Grisu m’explique, me conseille, me montre… L’expérience est bien là, il se remémore des souvenirs qui commencent à lui sembler un peu lointain… Il observe la progression de Mathieu et Damien dans « La belle époque » cherchant certainement à se replonger un peu dans cette belle époque… Une corde est fixée, elle plonge au milieu de nous tous. Rémi la remonte cherchant à photographier des scènes peu habituelles. Depuis mon relais, je souris, je trouve ce moment convivial et sympathique, nous aurions presque pu nous croire au beau milieu d’un cirque acrobatique !
Après deux belles longueurs d’artificiel, nous rejoignons la grande vire qui nous guidera jusqu’en bas. Nous sommes content de cette première escalade originale ensemble. L’après-midi est encore là, nous prenons le temps, Grisu se souvient de bon temps passer ici, il me raconte…
Une silhouette un peu « déglinguée » s’approche de nous… petite taille, maigrichon, cheveux blancs en bataille, petit short, chaussettes remontées et chaussures bien trop grandes pour lui, c’est Armando Ballard qui a reconnu Grisu de loin. On papotte, on rigole, Armando nous annonce le programme de ce soir…
Nous remontons à l’Ermitage, bivouac hors du commun qui prend ce week-end, une allure de « camping municipal ». Les troupes se rassemblent, chacun met en avant ses victuailles, c’est sûr nous n’allons pas mourir de faim, ni de soif d’ailleurs! En attendant l’heure de la projection, dans une ambiance à l’espagnole (Doctor Deseo comme fond musical, un verre de vino tinto ou une San Miguel à la main), des petits groupes se forment. La « montagne », est au cœur des discussions. Le mélange des générations rend passionnant tous ces débats.
Un peu plus loin, un regroupement nous annonce l’heure de cette projection si attendue, nous nous dirigeons à l’abri vers la « séance de cinéma ». Nous retrouvons les « maestros de l’artif », Paca, Pelut et bien d’autres. Un accueil sans précédent nous est réservé au cœur de leur petite communauté catalane ! Un drap blanc sur un mur, un rétroprojecteur et un ordinateur portable feront l’affaire… nous voilà propulser en Utah dans l’ascension d’Intifada, une voie d’artificiel, gravit par « el famoso » Pelut accompagné par sa patiente copine et compagne de cordée. Incroyable cette ascension cotée jusqu’à A6 ! Je regarde avec attention le travail laborieux auquel ils ont eu à faire, je tente de m’imaginer une seconde à leur place, je suis « bluffer » ! De retour à la réalité du moment, il pleut, le temps n’incite pas trop à la fête, les spectateurs s’éparpillent, chacun rejoignant son confortable bivouac.
Nous sommes à la fête de l’artif, nous continuons dans ce même esprit… Nous partons, sous les conseils d’Armando, en compagnie de Martin et Grisu dans l’ascension d’une voie, encore une fois très très déversante. Grisu connaît bien le coin, il nous raconte le souvenir d’un « plomb » dont on se souvient encore quelques années après. Horaire raisonnable pour ce type de voie : une longueur en une journée. Les catalans ne sont pas très loin, nous profitons de leurs histoires, de leurs expériences, de leur joie d’être là…
Pour Grisu il est temps de retrouver la France, je sens qu’il n’en a pas vraiment envie, mais la réalité est là, d’autres projets l’attendent… Nous nous retrouvons alors avec Martin, seuls à l’Ermitage, qui, en quelques heures, a perdu son allure de « camping municipal ». Nous attendons Rémi et le reste de l’équipe. La fin d’après-midi est rythmée par sieste au soleil, lecture au goût du jour « Pourquoi grimper sur les montagnes ? », puis orage, quelques allées et venues de randonneurs du dimanche venant admirer le point de vue qui nous montre que nous ne sommes, finalement, pas vraiment seuls…
Enfin, ils arrivent, et nos paniers repas avec ! Tout le monde est reparti, il nous reste à nous encore une journée… Nous décidons de faire des « voies qui roulent ». La Roca Alta est assiégée !
L’heure de rentrer approche, je n’en ai pas envi. Encore une fois, ces sierras espagnoles m’ont apporté quelque chose que je ne retrouve pas ailleurs… certainement le plaisir de s’évader totalement…

Cécile.

8 mai au 11 mai 2009, "VilanovaArtifio" 2009, (premier rassemblement de l’équipe des jeunes alpinistes du CAF avec Rémi Thivel).
Photos : Rémi Thivel

samedi 9 mai 2009

Montrebei style

Superbe semaine Montrebeyesque que j'ai passée en compagnie de Céline, Christian, Martin et Florent.
Martin et Florent que l'on pourrait surnommer les meilleurs amis du monde, et pourtant...

L'un parle Espagnol, l'autre pas un mot
L'un tient les prises, l'autre non.
L'un est maigre, l'autre est gros.
L'un boit comme un trou, l'autre aussi.
L'un a une grande gueule et l'autre, ma foi... bien plus encore.

Vous l'aurez compris ça chambrait dur cette semaine là (j'en ai aussi pris pour mon grade).
Martin n'a pas son pareil pour dire des bêtises, dans les moments les plus inattendus . Donnez lui une caméra, et expliquez lui comment ça marche car les nouvelles technologies c'est pas son truc, et vous obtiendrez des films démentiels. A base d'interview, de cours de botaniques, et de commentaires en live (comprendre pas là, il filme et commente tout en assurant!). Les films les plus marquants ont étés réalisés dans "Josmar Fan Club" (Front Freda) "Latin Brother" (Paret de Catalunya) , "El Buit del Mestre Tei-Chi" (Paret de Catalunya) et "100 ans de solitude" (Aiguilles paroie de Catalogne). Voir ci dessous (le son est décalé je ne sais pas pourquoi, j'essayerai de corriger ça plus tard)


Toujours à propos du même homme, la plupart savent qu'il fait parti de l'équipe nationale Espagnole des jeunes alpinistes. A ce titre il se doit de porter les vêtements des sponsors de l'équipe. Voir Martin avec des fringues toutes neuves, c'est aussi bizarre que d'entendre dire que Christian Ravier n'a pas grimpé depuis plus d'un an !!!
Ce fut donc un grand plaisir de voir Martin revenir aux basiques. En effet il arborait un magnifique short Nike tout droit sorti de chez Emaeus. Ce short a du servir à peu près à tout : peinture, jardinage ... Ah ! c'était un pantalon à la base me dit-on! Mais demandez donc a Martin il vous répondra "Eh, c'est un nike, c'est de la marque, il m'a coûté du pognon!"


L'évènement marquant fut la fête surprise organisée pour les 40 ans d'Albert Salvado à l'ermitage de Villanova de Meia. Une organisation hallucinante !!! Pellut avait fourni la tente KTM, et Paca assurait à la batterie. Celui-ci nous expliquait que pour apprendre à en jouer, il a mis une photo de chacun de ses professeurs sur chaque tambour et symballe. A priori ca l'a beaucoup aidé.

Ce ne fut pas chose simple que de faire venir Albert à l'ermitage. Il a fallut user de beaucoup de stratagèmes, et tout le monde y a mis du sien. Pour appater l'Albert, Christian pensait envoyer un faux topo d'une nouvelle voie inexistante à la Roca Alta, baptisée "Chouille a l'ermitage" ou un truc comme ça. Finallement c'est la copine d'Albert qui l'a appelé lui faisant croire qu'elle avait cassé la voiture à l'ermitage.
La fête fut un vrai succès. Albert s'en souviendra longtemps je pense. Mais à toute fête succède un lendemain, et celui là, me concernant, fut particulièrement difficile. J'ai d'ailleurs enrichi mon vocabulaire Espagnol avec le mot "resaca". Il faut savoir que ce soir là, je n'ai pas eu le courage ou plutôt les capacités, de déplier mon sac de couchage. J'ai donc dormi en vrac dans la voiture.

Nous avons donc repris la route, après un café et un cours pitoyable, orchestré par moi même, sur le danger des élastiques sur les dégaines (en gros j'ai expliqué un truc que tout le monde sait, et en prime j'ai explosé un élastique d'une dégaine d'Albert). Un grand merci à Florent pour avoir conduit doucement dans les virages, ainsi qu'à Martin pour m'avoir laissé monter devant à mis col !!! Merci aussi de ne pas m'avoir suggéré de changer de Tshirt quand on s'est arrêté manger dans un bar. Avec les taches de vin et ma tête de déterré, pas de doute j'avais la classe.

Prochaine étape, Anso, les 19, 20, et 21 Juin. Soyez en forme.