mardi 18 août 2009

Des nouvelles de l’Est !



Après presque 4 mois d’exil chez les pti’ suisses, le pays commence sérieusement à me manquer. Alors lorsque Flo et Rémi m’annoncent qu’ils sont de passage, ni une ni deux, je pose 5 jours de vacances et les rejoins à Cham’.

Cela fait maintenant une semaine qu’ils sont sur place mais avec la météo incertaine le bilan est mitigé : une seule voie au compteur, du côté de l’envers des aiguilles. Autant dire que lorsque je les rejoins, ils commencent à méchamment tourner en rond !!!

Néanmoins les prévisions pour les jours à venir sont bonnes. Les projets recommencent à fuser et ce sont les Grandes Jorasses qui alimentent tous les débats. Eperon Walker, traversée des arrêtes…on hésite. La face est elle en bonnes conditions ? Et on prêt ??? Avec une course au Cervin, le week-end dernier, pour moi (stoppé 200m sous le sommet à cause du vent!) et une course au Vignemale pour mes 2 compères, question acclimatation, nous ne sommes pas vraiment au top!
Le programme du lendemain est de toute façon déjà vu : grasse mat’ (pour se remettre de nos émotions…), baignade au lac et quelques courses pour le bivouac. Nous nous mettons finalement d’accord pour un enchainement de traversés d’arrêtes sur 3 jours : Midi Plan puis la traversée des arrêtes Rochefort - Grandes Jorasses, si tout va bien…plutôt sport comme programme.

Le lendemain, c’est avec 2 heures de retard que la première benne nous dépose à l’aiguille du Midi… et en voyant les cordées à la queue leu-leu sur Midi Plan, nous avons vite fait de changer nos plans, en direction de la pointe Helbronner et le départ des arrêtes de Rochefort.

Il s’agit tout d’abord de traverser l’immense glacier du géant. La course débute par un petit couloir neigeux puis une arrête mixte facile, on gagne le pied de la Dent du Géant. Ndlr : D’ici prendre plein de photos parce que c’est super beau!!!! Par contre prendre bon manteau (voire deux) parce qu’il fait super froid... On chemine ensuite le long de l’arrête, tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt au milieu, tantôt à quatre patte lorsqu’elle devient trop effilée ou aérienne. Ce n’est pas dur mais il ne faut pas pensez à autre chose…



Plus tard, on atteint par un couloir de rochers brisés, l’aiguille de Rochefort, 4001m (« ça y est Florent t’es un Alpiniste, pour de vrai !!! ») Du sommet, on descend facilement sur la grande selle neigeuse et par une longue traversée ascendante, on rejoint les rochers sommitaux du Dôme de Rochefort, 4015m (et deux dans la même journée en plus ….alpiniste confirmé !!!). On se rapproche doucement des Gd Vorasses. Ndlr : Toujours très beau (penser à prendre des photos…TE TCHEU!). On rejoint le col des Jorasses par une succession de rappels entrecoupés de pas d’escalade.

Cinquante mètres devant nous, on a rattrapé une cordée. Un guide et ses 2 clients. Grâce, à un sixième sens, développé certainement, après avoir lus d’épais bouquins rouges, Florent nous sort :
- Je crois que c’est Christophe Profit devant…
- Comment tu sais ?
- Réponse typiquement Dulaquienne et tout à fait improbable : « A sa démarche et puis habillé tout en Grivel… je l’ai vu une fois, sur une photo de dos à l’Eiger … » Et une fois arrivé au bivouac Canzio… il avait raison le bougre!



Nous nous retrouvons à 8 dans le petit abri, perché à 3800 m. Dehors un vent glacial souffle toujours aussi fort et les pointes des Gd Jo nous semblent bien chargées en neige. Mais à l’intérieur l’ambiance est beaucoup plus chaleureuse, les réchauds et les couvertures mise à disposition nous promettent un bivouac bien douillé.
C’est en vidant nos sacs que l’on commence à se rendre compte que l’on transporte de la bouffe pour 15 personnes : 1,5 kg de coquillette, 4 paquets de prince, 3 sauces au poivre et 1 à l’échalote, 1 saucisson, un fromage de 600g (directement importé de suisse !)… Plus, évidemment, le topo entier de Damilano (pas eu le temps de recopier la course…).
En voyant ce déballage, on a droit à quelques commentaires du genre : « Alors comme ça vous venez des Pyrénées ? » C’était sans compter sur la réparti de Rémi : « Et vous comme ça vous venez des Alpes ? ».
D’après Cri-cri Profit (forcément les bivouacs ça crée des liens) les arrêtes sont très plâtrées et dignes de conditions hivernales. Ca passe mais ça promet d’être sport. Eux vont redescendre versant Italien. L’autre cordée ne change pas son programme. Nous nous tâtons à faire la course comme prévu ou bien à redescendre côté Français. On laisse le réveil à 5h en espérant que la nuit porte conseil (le proverbe c’est fait …).

Le lendemain nous décidons de descendre vers les Périades. Depuis le col des Jorasses on descend pleine pente. Pour un réveil c’est pas mal pentu alors dès que ça devient trop en glace on tire 2 rappels. On franchi ainsi la rimaye et on prend pied sur le petit glacier du Mt Mallet (je crois ?) …un vrai champ de mine. On allonge les distances entre nous et on admire les monstres crevasses et les pires ponts de neige qui nous entourent, c’est juste génial (le passage en vaudois, c’est fait aussi…). Une heure plus tard, on retrouve la trace des Périades. On peut enfin se détendre un peu et contempler la face nord des Grande Jo : impressionnant. Et voila, il ne nous reste plus qu’à rejoindre la Mer de Glace, puis Montenvers, puis Chamonix à pied….



Pour conclure cette dissertation, j’ajouterai que ce fut une jolie course chez les lapins… pardon, les alpins, et que ça m’a bien fait plaisir de revoir les potes! Bientôt le retour dans les Pyrénées… enfin !