vendredi 29 août 2008
Chorizo Frito, Ordesa, Août 2008
Chorizo Frito, voilà un nom de voie qui m'attire et surtout qui ressemble à mon père... ca faisait quelques temps que Martin me disait qu'il fallait qu'on aille faire cette voie, objectif qui au début de l'été, était pour moi, inatteignable avant au moins quelques années! Martin avec son enthousiasme sur réaliste, réussi à trouver les mots pour me rassurer, me motiver et même me faire croire que cette voie n'est pas forcément plus dure qu'une autre! "Ah elle ne fait que 350 m!... Bon... c'est sûr, on sort à la journée!". Je cherche à me rassurer auprès de Christian qui me garantit que je peux y aller... Alors c'est parti, nous voilà vendredi soir, des encouragements inhabituels de la part de Rémi et de Laurent... En route pour Ordesa, l'estomac un peu serré quand même. Nous voilà sous le porche de l'église à 2 Km de Torla pour bivouaquer, je découvre un Martin "plus espagnol du tout..", il faut tout préparer, que le matin on est juste à sauter dans le pantalon, à déjeuner et à partir. Rien est laissé au hasard... (quasi comme Rémi Thivel). Comportement étrange qui pourrait m'inquiéter quant à la voie qui nous attend le lendemain, mais me voilà sereine, prête à passer une bonne nuit de sommeil en me disant "bon de toute façon... on verra quand on y sera...". Le réveil sonne à 5 heures, j'ai très bien dormi. Je retrouve Martin, plus espagnol que jamais, qui "déteteste" se lever si tôt le matin... Le premier bus arrive, nous ne sommes pas seul. Nous nous renseignons précisemment sur l'heure du dernier bus de la journée, en espérant réussir à le prendre... Nous entamons à grand pas une marche d'approche à la frontale. Le sac lourd je suis rapidement amenée à ralentir un peu. A chaque virage où nous sortons de la sombre forêt, le dièdre impressionant de la Fraucata apparaît. C'est l'occasion de repérer notre cheminement. Nous arrivons enfin au pied, la tête levée, mon ventre se sert à nouveau. Nous repérons alors les quelques grandes caractéristiques de la voie: les deux "bocadillos" dans lesquels nous allons devoir nous saucissonner, les toits impressionants qu'il faut contourner, la traversée qui nous amène au grand dièdre (une des longueurs dont je crois que je me souviendrais toute ma vie!)... et aussi... le rocher découpé et redécoupé en mille morceaux. Martin part dans la première longueur en essayant d'assurer un maximum chacun de ses pas. Ca bouge beaucoup, il faut grimper sur des oeufs, il faut rester très concentré, mais de temps à autre, on tombe sur des écailles, des "frigos", qui tiennent on ne sait pas trop comment.. Nous cheminons ainsi pendant 6 longueurs, chacunes prenant beaucoup de temps. Les passages dans les "bocadillos", sont loin d'être faciles, mais nous amuse. Nous sommes concentrés, mais l'ambiance est assez détendue jusqu'à la fin de la cinquième longueur. Ca y est nous avons contourné la série de toits impressionants depuis le bas, nous voilà au niveau de la traversée, une traversée en 6A. Martin repart, il met du temps, le rocher feuilleté perd une partie de ses feuillés à chaque mouvements, je sens qu'il est plus tendu que d'habitude, il ne peut pas protéger... Finallement il arrive sous une ligne suplombante où il installe son relais. C'est à moi, dès les deux premiers pas je sens que ça va être difficile, je n'ai pas le droit à l'erreur, il ne faut surtout pas que je tombe. J'avance très lentement en tentant d'assurer un maximum mes pieds, Martin tente de me tranquilliser un peu. Tout ce que je touche s'en va. Mon objectif: arriver à ce point, presque un des seuls de la longueur, loin là-bas sur un petit arbre... La traversée me parait interminable. Sous un de mes pieds, une pierre s'en va, j'entends Martin crier "Fais gaffe!" tandis que j'essaie de rester vigilente et de me remettre de cette frayeur. De longues minutes plus tard, j'arrive enfin à l'aplomb de Martin, il reste quelques mètres un peu raide à gravir jusqu'au relais, je suis vidée! Une moment de répis au relais s'impose, j'essais de me remettre de ces émotions mais je suis vraiment fatiguée. Il est 16h, on est à la moitié de la voie, il faut faire un choix: soit on arrive au bivouac qui se trouve à la longueur suivante, on fait un "remake" de l'ouverture, on continue le lendemain; soit on redecend en rappel. Dans les deux cas on va galérer... Il nous reste un paquet de gâteaux, 4 barres de céréales, et juste un petit pull pour la nuit. Christian et mon père l'avait fait, moi je me sens beaucoup moins forte qu'eux, on décide de descendre... Nous descendons en 4 rappels, dont un où l'ambiance est garantie! Je descend en deuxième, je suis chargée d'aller récupérer chaque points que Martin avait laisser pour pouvoir atteindre le relais. A chacun d'entre eux je me vois progetée dans les airs à plus de 100 mètres du sol... 19 heures, on est en bas de la voie, enfin... vidés! C'est bon, finallement on aura le dernier bus de la journée, un bon repas sous le porche de l'église, et une bonne nuit de sommeil bien méritée! (Bravo Christian, bravo papa! mais aussi...bravo martin pour toute cette journée dont je me souviendrais longtemps...) Cecile.
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1 commentaire:
Bravo pour cette belle tentative!
A quand la revanche?
Rémi.
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