Notre première tentative dans cette voie, avec Florent, début juillet, s’était soldée par un demi tour express… « Merci les amis, au revoir et bien le bonjour chez vous ! » Le genre de but assez frustrant où le ciel joue avec vos nerfs, où de méchants nuages noires s’accrochent sur le sommet dés 7h du mat’, et où à chaque longueur on se dit : « bon celle là c’est la dernière, si le temps ne se lève pas on tire les rappels ! », et où finalement, une fois retournés au refuge ces « Pu.... » de nuages noires disparaissent et laissent place à un soleil rayonnant….énervant… oui c’est le mot !
Le rendez vous est donné à 17h à la sortie de Pau. Mais, après avoir couru tous les magasins palois à la recherche d’une deuxième paire de crampon léger, je n’arrive qu’à 18h, bredouille... Nous partirons donc avec UN crampons par personne…organisation, organisation ! Un dernier détail reste à régler avant notre départ : réserver une nuit aux Oulettes. Après avoir cherché à les joindre tous l’après-midi, ils répondent enfin à 18h, et nous annoncent joyeusement qu’en partant maintenant de Pau, on ne sera pas au refuge avant 22h, et « 22h c’est pas une heure pour arriver dans un refuge! On a des horaires NOUS !».Organisation, organisation… Bon, ce n’est pas grave, on partira du parking du Pont d’Espagne et de toute façon, la météo est bonne pour les 2 jours suivants.
Après une courte mais bonne nuit, sur le matelas du camion de Flo’, le réveil sonne à 3H30. La marche pour rejoindre le refuge fut rapide, mais pleine d’embûches ! Ce qui m’a valu une magnifique gamelle : le premier pied trébuche, le deuxième suit, la main gauche loupe la marche et la main droite reste accroché à la sangle du sac à dos…roulade, cris, pleurs, bobo au genou et Flo’ qui en rigolera toute la journée! Moi, je pense que c’est les restes du Rhum Martiniqué de la veille, qui m’ont joué un sale tour ! Enfin, on arrive au refuge à 5h53’38s. Une cordée d’espagnol se prépare à partir vers la voie normale du grand Vignemale. On se pose une demie heure en attendant que le jour se lève. Lorsque l’on décolle vers 6h42’45s le sommet est dans les nuages. Mais la motivation et la mauvaise expérience de notre dernière tentative, nous permettent de garder espoir pour la suite : « Cette fois on aura pas peur ! hein copain ? » Une heure plus tard, on se trouve au pied de la face. On décide de laisser les bâtons et la paire de crampons (parfaitement inutile) ici, puisqu’on à prévu de repasser le lendemain pour tenter l’Eperon N-W de Chausenque (ambitieux les types !!!). En plus, ce délestage colle tout à fait à l’esprit de cette course : extra light one push !
On attaque donc par 4 longueurs de corde tendue, dans un dièdre cheminé couché en III - IV. Le premier relais (qui nous avais accueilli il y a un mois) se fait au pied d’une dalle, suivie d’un dièdre raide et sombre (c’est le coté obscure de la force…).Nous passons alors en zona incognita. Florent y va et tire une grande longueur de 50 m en V+ / 6a. La longueur suivante traverse bien à gauche dans une zone décomposée (ancien éboulement) sur des dalles puis dans une fissure raide et pourrie. Cette longueur me donne quelques sueurs froides. Le rocher demande une grande attention et la ligne est vraiment tordue (35m en 6a+++ assez obligatoire).
On prend pied sur la zone médiane et on avale les 300m suivants en corde « plus ou moins » tendue. On arrive ainsi sur le gendarme caractéristique qui marque le départ des difficultés, sur le fil même de l’éperon. On relaye sur 2 spits. On attaque par une jolie longueur en 6a qui rejoint le pied d’une dalle compacte surmonté d’un dièdre. La longueur est magnifique et le caillou incroyable. Quelques golots permettent de repérer la trajectoire de la voie et de s’assurer (6a+ facile).La longueur suivante traverse à gauche du fil de l’éperon plein gaz sur le glacier, 600m en contrebas et gravie un dièdre très raide (6b majeur).
Il est alors 14h lorsque quelques gouttes commencent à tomber. Le ciel n’est vraiment pas avec nous. Les nuages défilent à une vitesse hallucinante sur le sommet de la Pique Longue. L’ambiance est incroyablement austère…entre les séracs qui s’écroulent en permanence sur le glacier et les rafales de vent qui balaient les arêtes sommitales. Ambiance Annapurna 82 ! Nous étions cependant relativement abrité dans la face, mais il fallait encore presser le pas.
La longueur de 6c a été vite avalée en un 6b/A0….pas le temps pour le style. Puis encore une grande longueur de 6a, au cheminement tortueux qui gagne un relais suspendu. La dernière longueur dure commence par un « pas con » en V+ juste au dessus du relais en traversée sur la gauche, grosse ambiance ! Enfin le relais. Après 55m d’escalade aérée… Lorsque Flo’ me rejoint au relais nous nous serrons dans les bras. Il reste encore une longueur mais comme « on fait rien comme les autres » on profite d’être un peu abrités pour fêter cette belle course. Dernière longueur : on sort (à 15h30’30s) sur la crête sous des rafales tempétueuses, qui nous laissent à peine tenir debout. On plie le matos en 2-2 et on enquille la descente sur l’arrête de Gaube. On est au refuge à 17h30 et comme pour nous narguer, le sommet qui est resté bouché toute la journée, se découvre… « ENF… de Vignemale va ! ». L’accueil au refuge est toujours aussi chaleureux et le cassoulet servi au dîner laissera des souvenirs impérissables dans le dortoir du Clot de la Hount !
Le lendemain le réveil sonne à 6h30. Il fait à peine jour mais on voit que le temps est mauvais. A l’unanimité et en moins de 2s de réflexion on décide de se recoucher…on ira chercher les crampons et les bâtons restés au pied de la face plus tard.
Au final, cette course tant désirée fut un réel plaisir. Même si les conditions n’était pas top-top on à bien rigolé et comme dirait notre THI –THI national « grimper dans le mauvais, ça vous fait la b… les gars ! »
Ascension réalisée par Jean et Florent le 1 septembre 2008
Eperon Nord de la Pique Longue - 800m - ED- (6a+ oblig)
1 jeu de coinceurs et de friends jusqu’au 4.
Le rendez vous est donné à 17h à la sortie de Pau. Mais, après avoir couru tous les magasins palois à la recherche d’une deuxième paire de crampon léger, je n’arrive qu’à 18h, bredouille... Nous partirons donc avec UN crampons par personne…organisation, organisation ! Un dernier détail reste à régler avant notre départ : réserver une nuit aux Oulettes. Après avoir cherché à les joindre tous l’après-midi, ils répondent enfin à 18h, et nous annoncent joyeusement qu’en partant maintenant de Pau, on ne sera pas au refuge avant 22h, et « 22h c’est pas une heure pour arriver dans un refuge! On a des horaires NOUS !».Organisation, organisation… Bon, ce n’est pas grave, on partira du parking du Pont d’Espagne et de toute façon, la météo est bonne pour les 2 jours suivants.
Après une courte mais bonne nuit, sur le matelas du camion de Flo’, le réveil sonne à 3H30. La marche pour rejoindre le refuge fut rapide, mais pleine d’embûches ! Ce qui m’a valu une magnifique gamelle : le premier pied trébuche, le deuxième suit, la main gauche loupe la marche et la main droite reste accroché à la sangle du sac à dos…roulade, cris, pleurs, bobo au genou et Flo’ qui en rigolera toute la journée! Moi, je pense que c’est les restes du Rhum Martiniqué de la veille, qui m’ont joué un sale tour ! Enfin, on arrive au refuge à 5h53’38s. Une cordée d’espagnol se prépare à partir vers la voie normale du grand Vignemale. On se pose une demie heure en attendant que le jour se lève. Lorsque l’on décolle vers 6h42’45s le sommet est dans les nuages. Mais la motivation et la mauvaise expérience de notre dernière tentative, nous permettent de garder espoir pour la suite : « Cette fois on aura pas peur ! hein copain ? » Une heure plus tard, on se trouve au pied de la face. On décide de laisser les bâtons et la paire de crampons (parfaitement inutile) ici, puisqu’on à prévu de repasser le lendemain pour tenter l’Eperon N-W de Chausenque (ambitieux les types !!!). En plus, ce délestage colle tout à fait à l’esprit de cette course : extra light one push !
On attaque donc par 4 longueurs de corde tendue, dans un dièdre cheminé couché en III - IV. Le premier relais (qui nous avais accueilli il y a un mois) se fait au pied d’une dalle, suivie d’un dièdre raide et sombre (c’est le coté obscure de la force…).Nous passons alors en zona incognita. Florent y va et tire une grande longueur de 50 m en V+ / 6a. La longueur suivante traverse bien à gauche dans une zone décomposée (ancien éboulement) sur des dalles puis dans une fissure raide et pourrie. Cette longueur me donne quelques sueurs froides. Le rocher demande une grande attention et la ligne est vraiment tordue (35m en 6a+++ assez obligatoire).
On prend pied sur la zone médiane et on avale les 300m suivants en corde « plus ou moins » tendue. On arrive ainsi sur le gendarme caractéristique qui marque le départ des difficultés, sur le fil même de l’éperon. On relaye sur 2 spits. On attaque par une jolie longueur en 6a qui rejoint le pied d’une dalle compacte surmonté d’un dièdre. La longueur est magnifique et le caillou incroyable. Quelques golots permettent de repérer la trajectoire de la voie et de s’assurer (6a+ facile).La longueur suivante traverse à gauche du fil de l’éperon plein gaz sur le glacier, 600m en contrebas et gravie un dièdre très raide (6b majeur).
Il est alors 14h lorsque quelques gouttes commencent à tomber. Le ciel n’est vraiment pas avec nous. Les nuages défilent à une vitesse hallucinante sur le sommet de la Pique Longue. L’ambiance est incroyablement austère…entre les séracs qui s’écroulent en permanence sur le glacier et les rafales de vent qui balaient les arêtes sommitales. Ambiance Annapurna 82 ! Nous étions cependant relativement abrité dans la face, mais il fallait encore presser le pas.
La longueur de 6c a été vite avalée en un 6b/A0….pas le temps pour le style. Puis encore une grande longueur de 6a, au cheminement tortueux qui gagne un relais suspendu. La dernière longueur dure commence par un « pas con » en V+ juste au dessus du relais en traversée sur la gauche, grosse ambiance ! Enfin le relais. Après 55m d’escalade aérée… Lorsque Flo’ me rejoint au relais nous nous serrons dans les bras. Il reste encore une longueur mais comme « on fait rien comme les autres » on profite d’être un peu abrités pour fêter cette belle course. Dernière longueur : on sort (à 15h30’30s) sur la crête sous des rafales tempétueuses, qui nous laissent à peine tenir debout. On plie le matos en 2-2 et on enquille la descente sur l’arrête de Gaube. On est au refuge à 17h30 et comme pour nous narguer, le sommet qui est resté bouché toute la journée, se découvre… « ENF… de Vignemale va ! ». L’accueil au refuge est toujours aussi chaleureux et le cassoulet servi au dîner laissera des souvenirs impérissables dans le dortoir du Clot de la Hount !
Le lendemain le réveil sonne à 6h30. Il fait à peine jour mais on voit que le temps est mauvais. A l’unanimité et en moins de 2s de réflexion on décide de se recoucher…on ira chercher les crampons et les bâtons restés au pied de la face plus tard.
Au final, cette course tant désirée fut un réel plaisir. Même si les conditions n’était pas top-top on à bien rigolé et comme dirait notre THI –THI national « grimper dans le mauvais, ça vous fait la b… les gars ! »
Ascension réalisée par Jean et Florent le 1 septembre 2008
Eperon Nord de la Pique Longue - 800m - ED- (6a+ oblig)
1 jeu de coinceurs et de friends jusqu’au 4.
5 commentaires:
t'es une fiotte, il est super facile le premier 6a+ de l'éboulement...
Ouais, c'est vrai, il est super fastoche, ouais ouais ouais...
ouais,il est supar fastoche et tout en plus, ah ah ah, oh l'autre, eh !
j'arrive jamais à savoir si "fiotte", c'est gentil ou pas en fait
Ben bravo, en août j'ai eu le plaisir de contempler les évolutions d'une cordée là-dedans depuis la face nord classique, notamment à un moment où nous faisions une pause en haut de l'arète intermédiaire pour laisser au boulet d'un guide espagnol le temps de faire dégringoler nombre de ses semblables dans les schistes rouges: les petits pas de chats sur la dalle où commencent les difficultés sont très beaux vus d'en haut. Si je peux me permettre de vous faire une recommandation c'est celle-ci: allez à l'éperon de la pointe chausenque, c'est une course magnifique.
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